Focus: Masta Ace

"Ni Borough, Ni Frontières"

by Djeuma Eraî

On dit que la musique n'a pas de frontière, mais quand est il en réalité? Il est souvent très difficile pour un artiste de percer dans un pays qui lui est étranger. Problèmes de langue, de sonorité, il est rare que les européens ou les américains s'intéressent au delà de leurs frontières. Ce concept n'a cure dans le Hip-Hop. On ne peut être H.H sans ouverture d'esprit musicale, il en dépend de sa survie. Le plus dur pour un B.Boy est d’être reconnu au delà de son quartier, le pied a l’étrier, c'est le baptême de vol...

Fin 70, le South Bronx voit naître au coin d'une rue, dans ces parcs, les prémices du mouvement le plus influent de la fin du 20e siècle.

Le Disc-Jockey est l'idole du quartier, GrandMaster Flash l'icône. Parmi les gosses de Brooklyn qui convoite le titre, un groupe, Spin Master Disco. Huit kids muni de 2 platines et un mixer. Ça se tape pour savoir qui serai derrière les platines. Le meilleur se nomme DJ Steady Pace, pourtant un autre se démarque, celui qui quand il ne mixe pas, taillade à coups de stylo une feuille blanche.

1986, New york.

Nous sommes en plein âge d'or du Hip-Hop. Toutes les boites de la Grosse pomme s'acharnent à être la plus hype. Le lieu où l'on étouffe, où les murs transpirent, où le DJ est le guru et son Mc sa voix.

Masta Ace participe au United Skate of America, une compétition sponsorisant une Battle rap. Grand vainqueur, il rencontre Marley Marl, producteur révolutionnaire du Juice Crew* et architecte sonore du label Cold Chillin'. Ce dernier lui promet, après quelques titres enregistrés, de le sortir dans 2ans. Retour dans le Queens, 1988, sur Symphony**, à la demande de Marley, Ace est le 1er à posé; non prévu à la base il remplace Mc Shan, dont l'orgueil lui fait refuser de poser avec les jeunes pousses du possee. Le reste appartient a l'histoire.

Comparé à un album de Kool G Rap, Take a look around (1990), son 1er album, fait moins de bruit et son label ne semble guère s'y intéresser.

Un clash avec Cold Chillin' le fait exclure du Juice Crew, Masta Ace refusant d'avoir un manager fourni par le label.

En 1992,Avec Delicious vynil, il signe 2 albums sous le nom de Masta Ace Incorporated***.

Slaughterhouse en 93 pose les prémices d'un Gangsta rap qu'un Schooly D inventa une décennie auparavant. Incluant Jeep Ass Niguh, dont le remix Born to roll, figurant sur l'album suivant Sittin' on Chrome (95), l'impose sur la cote ouest, et créa le beef avec Fat Joe****.


Masta Ace - Born To Roll

Pour l'histoire, sa 1ere scène a L.A en 93 fut booker sur la recommandation de Gangstaar au promoteur. Elle se fit avec Low Profil, Compton's Most Wanted et Ice Cube.

En 1994 il apparaît sur la B.O de Crooklyn (Spike Lee) avec les Crooklyn Dodgers (v1), une collaboration avec Special Ed, Buckshot, Q-Tip/Ali Shaheed de ATCQ, qui lui permet de se réimplanté dans l'est.

Masta Ace est une légende, il influence la prochaine génération de Mc dont le plus évident est Eminem - écoutez le titre Hellbound où les 2 Emcees se rencontrent.

Il décide de prendre en main la carrière de Paula Perry et de Leschae -qu'il fait signer chez Warner. Ace Marque ainsi une pose dans sa carrière.

Il ré-attaque le marché indépendant par le marché vynil dès 97, Back to the source. Dont une hymne a la NFL avec DJ J-love. Il partage la rime avec Bald Head Slick (GURU de Gangstarr) sur la face A d'un maxi ou avec Buckshot (Boot Camp Click) sur Duck Down en 2000.

En 2001, Landspeed propriétaire du catalogue de Cold Chillin' ré-édite les galettes a tour de bras. Jcor Entertainment sort le 1er volet du "rap-opera" du MC brooklynite, Disposable Arts, où l'histoire d'un rappeur qui se fait enrôler dans une corporation de Fake. Un "Hip-Hop is Dead" scénarisé. Une Bombe. Le rappeur a changé il est plus posé.

Désirant son indépendance, il la rêve puissante tout comme Loud ou Rawkus. Il crée ainsi M3 Macmil Music avec DJ Rob et Filthy Rich. Sa 1ere sortie est son 5e album Long Hot Summer, le prequel du précèdent album -qu'il ré-édite sur ce même label en 2005. On prend les mêmes guest et on recommence.

En 2007 il signe Emc, un quatuor ou se retrouvent Punch N' Words (Punchlie et Worsworth), Stricklin et Ace. L'album The Show sort en 2008. Décidé a ne plus la jouer solo, il s'allie à Edo G pour l'album Arts&Entertainment sous le nom de Ace & Edo - A&E, suivi du Ep Extra Entertainment toujours en 2009.

2011, De retour en studio, Ace enregistre entre mars et avril MA_DOOM project, entre deux concerts notamment en France. De nouveaux skillz sur des beats de Special Herbs, ainsi que des inédits de MF Doom. Terminé le 14/04 le projet initialement prevu en mai, est repoussé à juin. Paris sort ses Tim Boots en mai, après Rakim, Masta Ace débarque le 29 mai.

L’Angleterre retrouvera en juin, le temps d'un concert, le Juice Crew, du moins en partie.

Octobre 2011 pour fêter les 10ans de Disposable Arts, le Mc re-edite les formats vinyl et cd de l'album ainsi que A Long Hot Summer.

Masta Ace est l'exemple même du Hip-Hop Worldwide. Il a su traverser les barrières des borough, très marqué a l’époque. Puis il s'est exilé sur la cote west, a l'instar d'un 2Pac ou d'un DJ Muggs et s'y est imposé. Est il nécessaire d’évoquer une carrière internationale, ponctuée de concert et de featuring européen ou japonais.

Le Hip-Hop est a la musique, ce que le Capitalisme est a l’économie... La Matrice.

Discographie

Infos

*Juice Crew collectif de rappeur comprenant Roxanne Shante, Biz Markie, Big Daddy Kane, Craig G, Kool G Rap & DJ Polo et Masta Ace. Une dream Team venu principalement du Queens.

**Sur l'album de Marley Marl: Marley Marl in control.

***Masta Ace incorporated/ I.N.C est le nom de son crew. Comprenant Lord Digga, Paula Perry, Leschae et Masta Ace.

**** Fat Joe vit le morceau comme une insulte aux porto-ricains.